SNUFF ?!


Last House On Dead End Street - Roger Watkins (1977)
par Raph





Beaucoup de gens parlent de snuff movies, cette légende urbaine qui court depuis des décennies sur l'existence de films amateurs montrant des meurtres réels à l'écran. Mais est-ce réellement cela un snuff? Car si c'est le cas, on a l'occasion d'en voir tous les jours à 20h dans la petite boite magique qui captivent nos esprit. Est ce que la vidéo de la balle logée en pleine tête de Kennedy est un snuff? Est ce que le crâne explosé de Budd Dwyer en pleine conférence en direct à la tv est un snuff? Ou les diffusions d'exécutions en direct du couloir de la mort, les défenestrations du 11 septembre sont-ils des snuff? La plupart des gens diront que non. Peut-être qu'il s'agit alors d'un film montrant une victime souffrir, hurler à la mort sous la torture, montrant des détails visuellement choquant et repoussant...

Les films mondo, comme le plus célèbre "Mondo Cane" de 1962, sont considérés comme les pionniers du snuff je suppose, étant donné que durant de nombreuses années, beaucoup de gens ont cru que ces faux documentaires sur des rites violents et repoussants de tribus éloignées en étaient de vrais. Tout comme les procès et rumeurs incessantes autour de "Cannibal Holocaust" ou des séries de films Guinea Pig japonais, notamment les deux premiers "The Devil Experiment" et "Flower Of Flesh And Blood".
Dans le courant des années 80, l'échange de cassettes était devenu le hobby ultime des collectionneurs de films rares ou extrêmes, et les films Guinea Pig recevaient un franc succès par la controverse autour de la véracité ou non des meurtres et tortures filmés à l'écran. A la fin des années 80, cette série de films obtient une plus grande reconnaissance avec l'arrestation du tueur en série japonais Tsutomu Miyazaky, fan de films gores et notamment de Guinea Pig, le quatrième volume "Mermaid In A Manhole" ayant été retrouvé dans sa collection gigantesque de plusieurs milliers de cassettes, puis lorsque en 1991 Charlie Sheen dénonce le film "Flower Of Flesh And Blood" aux autorités, le réalisateur devant par la suite prouver que tous les acteurs sont bien encore en vie.

Mais ces dernières années, le buzz autour des snuffs n'a jamais été aussi gros, avec l'avènement d'internet, permettant la diffusion de toutes sortes de vidéos aussi facilement que de cracher par terre. J'ai beaucoup entendu parler ces semaines-ci de soi disant films, réels, de bum fights, ces combats clandestins de clochards qui se battent jusqu'à la mort façon gladiateurs de rue, mais je n'ai jamais pu en voir de mes propres yeux. Légende urbaine toujours, ou affreuse réalité? Ni l'un ni l'autre ne m'étonnerait.
"Mais où veut il en venir, ce fils de pute?" êtes vous en train de vous demander. J'y arrive. 
Plus de 30 ans après sa sortie (datant officiellement de 1977, même si le film était prêt depuis 1973), LAST HOUSE ON DEAD END STREET a depuis gagné le statut de film culte de l'underground, et ce pour diverses raisons. Premièrement, jusqu'à récemment, peu de gens étaient au courant de qui était derrière ce film, on ne le sut que quelques temps avant la mort de ROGER WATKINS en 2007, qui affirma à de nombreuses reprises sur internet qu'il en était bien le réalisateur. Deuxièmement, le tapage souterrain autour de la violence du film, les rumeurs et on-dit après les séances de minuit dans des cinéma glauques, des drive-in inquiétants, et lors de soirées cassettes chez les jeunes adultes en manque de visions sadiques. Le film était présenté à l'époque - et on peut toujours le lire sur le boîtier des K7 et DVD - comme "the most vile and disgusting film ever made". Du genre dont tout le monde connaît le nom, tout le monde sait de quoi ça parle, mais personne n'a jamais pu se procurer la cassette pour réellement savoir ce qui se cachait derrière ce mythe. Troisièmement, à cause de la mauvaise qualité de l'image, de l'amateurisme, de l'ambiance bien trop réelle des meurtres et du sujet évoqué : les snuff movies. 

Terry Hawkins (joué par Roger Watkins) vient de passer un an en cabane pour possession de drogues, il a la rage qui lui pourrit les entrailles et veut trouver un moyen de se venger, il ne sait pas vraiment de qui ni de quoi, mais il est sûr d'une chose : quelqu'un doit payer. Il décide donc de prendre sa revanche sur ses anciens associés, tous dans le milieu des films pornos glauques de seconde zone. Ces gars-là n'ont pas grand chose à voir dans son emprisonnement, ou en tout cas ce n'est pas dit clairement, mais les pensées de Terry sont embrouillées, sans réel sens ni but. Il réussit à embobiner deux mecs et deux filles, tel un gourou du Mal (Charles Manson, ça parle à quelqu'un?), et les incite à l'aider à réaliser de "vrais snuff movies", où les "stars" seraient des personnes qui ont le moins possible de lien avec lui ni aucun autre membre de la bande.
Après une première partie de film assez longue, Terry et ses acolytes enlèvent quatre des anciens compères de Terry pour mettre à bien son plan de vengeance et de film, et les emmènent jusqu'à la "house", qui en fait n'est pas une maison mais un entrepôt abandonné, et qui n'est pas la dernière maison non plus, ni dans une impasse, mais comme ça, le titre surfe sur le succès de "Last House On The Left"  sorti quelques années plus tôt (d'ailleurs étrangement certaines versions de "Dead End Street" sont connues sous le nom "Fun House" ou "Cukoo Clocks From Hell"). Terry attache donc les quatre personnes dans l'entrepôt, et à partir de ce moment jusqu'à la fin du film s'enchaînent mes passages préférés.
Ce que j'ai oublié de vous préciser, c'est que par manque de moyens, il n'y a pas eu de prise de son pendant le tournage des scènes, toutes les voix et sons ont été rajoutés au montage. Du coup, on dirait que toutes les voix sont dans la tête de Terry, avec un écho distordu vraiment à glacer le sang. Toute la bande, affublée de masques bizarroïdes, se rejoint donc avec une caméra devant leurs victimes et commencent les humiliations. Une scène d'anthologie m'a profondément marqué d'ailleurs. Une femme se place, debout, les seins à l'air devant sa victime, déboutonne sa braguette et laisse apparaître une patte de biche, tel un pénis jaillissant. Surréaliste, l'horreur suprême. Terry et sa bande forcent le type, hurlant de terreur, à sucer la patte de biche comme une grosse salope, lui qui adore tellement regarder ses actrices sur les plateaux de ses films pornos minables. S'ensuivent tortures, meurtres et scène gores dignes de "Blood Feast" d'Herschell Gordon Lewis. 


Ce n'est certainement pas le meilleur film du monde, la réalisation est mauvaise, les acteurs ne gagneront jamais d'oscars et la qualité d'image ne fait pas rêver mais malgré tout le résultat final est tel que "Last House On Dead End Street" est un film vraiment dérangeant, et, par ses défauts, réussit à gagner en côté malsain, notamment le détail des voix avec échos, les masques de psychopathes, la mauvaise qualité d'image digne d'un film amateur sanglant, en font un film culte.
Pour l'anecdote, Roger Watkins avait eu 3000 dollars pour tourner le film, mais ayant tellement dépensé en dope, il n'a finalement pu utiliser que 800 dollars, et était constamment sous amphétamine pour réaliser "Dead End Street". C'est peut être pas un hasard finalement si le film n'est sorti qu'en 1977.

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